ANTONE SAGGESI, TERRA CORSA – ESSAI DE TRADUCTION
TERRA CORSA
Mamma cara, TERRA SACRA !
duve so natu e vissutu,
di bon core, ti salutu
cun tutti li to’ figlioli :
terra di vendette e di doli.
Vogliu ditti lu mio amore,
canta li to’ boschi umbrosi,
e li to’ frutti succhiosi
i più belli d’ogni locu,
terra di sangue e di focu.
Dormenu le to’ casucce
appicate a li to’ monti,
duve tutti stanu pronti
ad accoglie li frestéri :
terra d’antichi guerriéri.
Un cunnosci che l’onore,
nisuna vigliacchería ;
disprézzi la tiranía,
mamma di l’inimicizia,
si figliola du Justizia
In li marmeri passati
a ciò chi nimu si scordi,
teni scritti li ricordi
d’una vita strapazzata :
terra corsa sfurtunata.
Quandu quasi pronta a more
ti vidisti, sola sola,
ne guardaste la to’ tola
e truvaste la to’ via,
Cirnu, vicinu à Maria.
Tandu, lu « Salve Regina »
ribumbatu in casa e fori,
riscallò tutti li cori,
eppo’ ne strappò la fetta
Cirnu, terra benédetta.
Scacciaste lu Jenuese
chi succhiava lu to’ sangue,
e ne rumpiste la stanghe
d’una servitu meschina :
terra corsa, mia regina.
In tè, nacque un novu sole ;
à la Francia in perdimentu,
désti una spada d’argentu ;
fu la spada d’un léone,
terra di Napuléone.
Fin’ a in célu, quella spada
ha cullatu, a mézi fiori
à bandiéra à tre culori.
O Cirnu ! Nisun ti vale,
perchè sí terra immurtale !
***
TERRE CORSE
Mère chérie, Terre sacrée !
où je suis né et où j’ai vécu,
De bon coeur (affectueusement) je te salue
avec l’ensemble de tes fils.
Terre de vengeances et de deuil.
Je veux te dire tout mon amour,
chanter tes bosquets obscures,
et tes fruits savoureux
Les meilleurs dans le monde (de tous lieux)
Terre de sang et de feux.
Tes maisonnettes dorment
accrochées à tes collines
où tout le monde est prêt
à recevoir les étrangers.
Terre de Guerriers du passé.
Tu ne connais que l’honneur
sans aucune lâcheté ;
Tu condamnes la tyrannie
mère de l’inimitié,
Tu es fille de Justice.
Sur tes vieux marbres
afin que nul n’oublie,
tu gardes en mémoire les écrits
d’une vie toute de souffrances.
Terre si infortunée.
Lorsque sur le point de mourir
tu t’es retrouvée très seule,
tu ne regardas pas ta table (mortuaire)
et tu trouvas ton chemin.
Corse, près de Marie.
C’est alors que le « Salve Regina »
résonna à l’intérieur et hors de l’Ile,
et emporta la victoire.
Corse Terre bénie.
Tu chassas le Génois
qui te suçait le sang
et te libéras
d’un avertissement dégradant :
Terre Corse, ma reine.
Tu fis renaître un nouveau soleil
à la France soucieuse de son avenir
et lui donnas une épée d’argent ;
c’était l’épée d’un lion,
Terre de Napoléon.
Jusqu’au ciel, cette épée
fit monter parmi les fleurs
le drapeau aux trois couleurs.
O Corse ! Tu n’as pas d’égale
car tu es terre immortelle !
***
Canonico Antone Saggesi
Né le 1er avril 1884 à Penta di Casinca et mort le 5 mai 1974 à Vescovato.
Après des études au grand séminaire d’Ajaccio il fut ordonné prêtre en 1907 et exerça son sacerdoce successivement à Vescovato, Sorbo, Ocagnano, Loreto di Casinca, Venzolasca.
C’est un des rédacteurs de l’hebdomadaire autonomiste A MUVRA dans les années 1920-1939.
U Muntese édita un recueil de ses poésies sous le titre de « Sumete » en 1968 comprenant « Terra Corsa ».
La transcription de ce poème respecte l’écriture originale de son auteur.
***
Pour l’Accademia Corsa
Dominique POLI
Février 2010