U BARBUTU DI CHERA
SCUSETI LA ME ‘GNURANZA
PIRMITTI LA MANERA
DI METT’A LA CUNISCIANZA,
SO LU BARBUTU DI CHERA !
O LA BEDDA CIRCUSTANZA,
DI TRUVAMMI QUI STA SERA !
C’est probablement de cette manière que GHJUANN ‘ANDRIA CULIOLI se serait présenté à nous ce soir. C’est en tous cas de cette façon qu’il entama son propos en 1963 au Casino d’AJACCIO pour se » mesurer » à PAMPASGIOLU et à U MAGGIUREDDU qui lui ne vint pas ….
C’est donc par cet emprunt que je voudrais introduire mon propos sur ce grand improvisateur du Sud de la Corse que fut U BARBUTU DI CHERA.
Support sans pareil de la tradition orale, il a, jusqu’à sa mort en 1972, su maintenir et affirmer le rôle primordial du chantre – c’est-à-dire la personne qui chante aux offices religieux – mais également d’imposer l’image vivante du barde corse.
Un rappel : dans la tradition celtique, le barde est l’équivalent d’un druide qui a pour principales spécialités l’histoire et la généalogie, la poésie, le louange, la satire et le blâme notamment pour ceux qui d’une façon générale gouvernent la société. Le chant était avec la musique l’art de sa fonction.
GOSCINNY et UDERZO, inspirés par l’extrême sud de la Corse pour réaliser ASTERIX EN CORSE, semblent n’avoir commis aucune méprise en affectant à leur druide corse, PATOLOGIX, la morphologie faciale di U BARBUTU DI CHERA, – en le représentant silencieux et en méditation sous un chêne – comme ils le feront avec celle du cuisinier bonifacien Mimi PUGLIESI pour donner vie à OCATARINETABELLATCHITCHIX.
GHJUANN’ANDRIA CULIOLI est né en 1886 à CHERA, l’un des trente six quartieri, selon un mot de notre sujet, hameaux qui composent la commune de SOTTA.
Dans CONTRA SALVATICA, Mathée GIACOMO-MARCELLESI, qui a reproduit avec l’autorisation de notre poète une partie de ses œuvres, trace l’existence malmenée – una vita strappazata dit-elle – et la dureté des conditions d’existence de notre berger laboureur.
Très tôt, affirme-t-elle, il recueille un grand succès dans son village, à la fois musical et comique lors des veillées, à l’école et à l’église.
Il quitte l’école à quatorze ans pour aider son père aux travaux des champs et à l’élevage des bêtes.
Sa vie est ponctuée de peines énormes :
– la jeune femme qu’il épouse à l’âge de quinze ans meurt avec l’enfant qu’elle vient de mettre au monde,
– sa seconde épouse décède également en laissant à sa charge trois enfants dont un qui disparaîtra aussi,
– il épouse en troisième noce LUCIA avec qui il aura quatre enfants dont un garçon qui mourra accidentellement à l’âge de onze ans : la douleur de sa disparition ne l’empêchera pas de chanter lui-même pour son enterrement le DIES IRAE dans l’église de CHERA.
Il est envoyé sur le front lors de la guerre de 1914-1918, ce qui lui donnera l’occasion d’exercer sa verve à l’encontre de certains de ses compatriotes retrouvés là-bas.
Sur l’air du DIES IRAE il écrit une chanson sur les massacres qu’il vit et témoigne de l’horreur des bombardements de SAINT DIE.
Durant cette période difficile de sa vie, il exprime en chanson la douleur du conscrit pour la femme restée au pays et élève un chant d’amour pour une certaine Madeleine rencontrée à SAINT BLAISE.
De retour au village, il s’exerce à improviser sur la vie locale, la petite société rurale qui l’entoure, les joutes électorales où à ce titre il est et restera un fervent supporter et agent électoral de la famille DE ROCCA SERRA pour qui il va improviser en suite de la réélection au Conseil Général de la Corse de Camille, la poésie qui suit :
PORTI VEGGHJIU FIGLI CARI
CHE PIU VOTI QUE ZINZALI
ANDEMU A LAMPA VOTU
SENZA SPIRITU MALIGNU
ROCCA SERRA LU MIRETA
QU’E VERU PARFETU E DIGNU
Il s’adonne à la contemplation de paysages ou de lieux familiers, la méditation sur le cours du temps, la vie rurale de sa microrégion mais aussi sur certains évènements qui affectent sa parentèle.
Il acquiert ainsi le statut de poète communal mais sa notoriété s’étendra bien au-delà de son rughjonu.
En 1948, ignorant même l’existence du barde, Dorothy CARRINGTON, – Lady Rose – se rend à CHERA avec l’espoir de faire la rencontre de mazzeri et plus spécialement de femmes mazzere, ayant semble-t-il entendu parler d’A MAZZERA DI CHERA.
Dans son ouvrage, MAZZERI, FINZIONI, SIGNADORI, elle va reconnaître qu’elle n’a pas trouvé de mazzeri à CHERA, mais qu’elle y a rencontré le barde, et d’affirmer au sujet de ce dernier : » Gardien de la mémoire collective de la communauté, il rappelait les principaux évènements de son histoire en vers chantés, et leur conférait ainsi une existence durable. Il instruisait et en même temps divertissait le public. Il était l’un des derniers à embrasser cette vocation homérique. Il appartenait à l’élite des bardes corses, ceux qui étaient capables d’improviser sur le champ paroles et musique, en toute circonstance. Il nous salua en improvisant un chant en notre honneur.
Après cela il ne pouvait être question de rencontrer un mazzeru ou une mazzera .Le barde me tint captive. Il continua à chanter, infatigable, exubérant, la journée entière et jusque tard dans la nuit. Ses chants faisaient écho à tous les états : gaieté, mélancolie, ironie et tendresse. «
La seule chose que ne va pas relever Dorothy CARRINGTON, c’est que le barde va aussi et sans qu’elle en prenne conscience lui délivrer un message » mazzerique » qu’il va cacher dans le corpus d’un chant que par méprise on classe voceru, intitulé SENTU SUNA LI CAMPANI pour lui dire :
SENTU SUNA LI CAMPANI,
SENTU BATTA LA CICCONA,
SENTU PICCHJA LU MARTEDDU,
IN PIAZZA DI LA PUDDONA,
CHI DRINTU CI HANI DA METTA,
LA TO PROPRIA PARZONA.
SO DI PUNT’A LU BALCONU,
O QUIDDU DI TANTI GUAI
CH’AGHJU TROVU A ZI FRANCESCU
STESU COMM’E UN MAGHJALI
NUN ERA STATA PUNTURA
O NE FREBBA CATTARRALI.
Dans son ouvrage intitulé GRANIT ISLAND, Dorothy CARRINGTON va dresser un portrait quasi divin du barde en affirmant » qu’avec ses traits aquilins et sa longue barbe rousse flottante, on eût dit le Dieu tout-puissant de Michel-Ange au plafond de la Chapelle Sixtine, n’eût été l’étincelle malicieuse qui brillait dans ses yeux verts. «
De 1961 à 1963, pour les besoins des Archives sonores de la Phonothèque Nationale, Félix QUILICI l’enregistre sur plusieurs thèmes dans le cadre de son œuvre dédiée à la Musique corse de tradition orale et fixe son portrait sur la deuxième de couverture du livret qui accompagne le coffret.
Jusqu’au début des années 1970 il va participer à toutes les fêtes et foires di a piagghja et de l’Alta-Rocca, attendu et accueilli par tout le monde, ce qui l’amène à être souvent hors du domicile jusqu’à huit jours durant, chantant aussi bien la messe en l’honneur du saint du village que la ritournelle lors de la soirée festive et le bal.
Très croyant et adepte de la langue latine, il est requis et attendu aux enterrements pour chanter la messe des morts, mais s’insurgera contre le curé de SOTTA qui tenta de lui imposer de chanter la messe en langue française.
Outre sa longue barbe légendaire, il porte toute l’année un costume de velours noir, la traditionnelle ceinture rouge et ne fume que la pipe.
Avec l’avènement des véhicules à moteur, il se fait transporter là où une réunion où une fête est prévue, et dans la région de SOTTA, toute une troupe d’amis et d’admirateurs accourt pour vivre et profiter de ses envolées oratoires.
Ainsi en Août 1969, une fête est organisée devant l’école du village avec en vedette l’un des chanteurs en vogue et répertorié au hit parade, sauf que lorsque ce dernier eu achevé son tour de chant, le clou de la soirée – qui s’est terminée fort tard – devait être U BARBUTU DI CHERA qui a réussira ce soir là à reléguer au rang de figurant l’animateur musical de la soirée.
Après son décès en 1972, le monde culturel corse va consacrer son oeuvre, en faisant apposer sur son CATANGHJONU une plaque commémorative, en présentant et en commentant ses écrits par l’entremise de l’A.D.E.C.E.C. de CERVIONE ou en réalisant sur FR3 CORSE en Mars 1999 un important reportage sur cette homme hors du commun.
Ghjuann’Andria CULIOLI, poète sans pareil, appartient désormais à l’histoire de la Corse. Maître du verbe, improvisateur de génie, possédant un savoir issu de la seule l’expérience, il a été le témoin privilégié, le » passeur » d’une mémoire que l’on pouvait penser enfouie ou disparue à tout jamais.
On ne peut qu’être interpellé par le ressenti de Dorothy CARRINGTON lorsqu’elle écrit : » … il se mit à chanter…Le son éclatait comme un cri de guerre, un appel aux instincts trop longtemps contenus dans l’inconscient… » C’est en effet ce que confusément l’on perçoit lorsque l’on pénètre la poésie du barde : on sent bien qu’elle peut être interprétée à plusieurs niveaux et cela est d’autant plus troublant que tous ceux qui l’ont côtoyé, approché, écouté ont pu relever que sa spontanéité à produire était peu commune, puisque nombre de témoins affirment sans ambiguïté que simplement par une attention portée sur le sujet, il était à même de le chanter en un mode satirique ou admiratif.
Sa force savait se cacher sous un monceau de mots en apparence communs et pourtant issus d’une parfaite maîtrise du rythme, de la musique et de la rime, si bien que l’œuvre de Ghjuann’Andria CULIOLI se présente comme un chantier de fouilles : sous les conventions qui nous bornent la perception, elle encourage à mettre au jour la veine de la mémoire.
Alors très humblement, au lieu d’expliquer une fois de plus – pour regretter- ce que nous avons perdu, je me propose d’explorer ce qu’il nous reste à trouver dans son » opéra « .
Tout un chacun a entendu son poème sur l’Orriu, mais a-t-on suffisamment perçu la technique di u scambiu qui y est introduite à savoir le passage ou plutôt le transfert spontané entre la pierre vivante du rocher qu’est l’orriu et celle inerte du monument aux morts situé dans son alignement ?
Dans le même prolongement, comment ne pas être interpellé par la référence à l’ancienneté de la relation entre le rocher – so dighjà duicent’anni ddu cunnosci la famiglia – et les CULIOLI inscrits sur le monument – u nommu di la famiglia, dic’e setti volti scrittu – sans rechercher si l’orriu n’a pas eu d’autres usages et une autre signification dans l’histoire de ces communautés de l’extrême sud de la Corse ? L’orriu serait-il la force vitale des CULIOLI voire le Graal de ces derniers ?
N’est-ce pas d’un véritable thésaurus dont il est question ici car dans ce mot il y a aurus et de aurus à orriu il n’y a qu’un tout petit pas !
Il a été dit plus haut que U BARBUTU DI CHERA était un chantre et chantait lors des offices religieux. Il était présenté comme très croyant mais manifestement – peut être sans en avoir conscience – il ne s’était pas départi d’une certaine fibre païenne.
Ainsi dans son magnifique poème dédié à BAVEDDA, il enchante par ses mots la dédicace de ce site à la Vierge, devenue Notre Dame des Neiges, mais au fond de lui une petite voix tinte pour rappeler que derrière cette christianisation du lieu se cache une tradition ancienne, riche et significative, qui unit la forêt païenne primitive, avec son culte des arbres, et les formes bien spécifiques de la vie animale, végétale ou humaine. C’est une forêt -cathédrale, une forêt sacrée qu’il révèle. Qu’on en juge :
A SERA, VIDINI SS’ALTARI,
QUIDD’UMBRI LI TRE FURCHI,
E L’ARBURI,
I GRAN PINA, CHI SO NNANT’
A I MUNTAGHJI
SI DICIARIANI CHI SO CANDELI
E NA CURRENTI DI L’AQUA
SI VIDI FA QUIDDI FIARI
COMM’E QUANDI VO APRITI UNA JESIA !
SI SO PO TUTTI RACCUMANDATI
L’ANIMALI SALVATICHI, I PESCI,
E FIGHJOLANI TUTTI SSI LUCI,
INCENDIA CHI PARIN’ASSASSINA
PA METTA U FOCU !
SI PARLANI, DA UN’ARBAR’A L’ALTRU !
E SENTI U VENTU, A BUFFATA,
UN CI N’HE VENTU, MA SI SENTI :
– FFFUUUH ! FFFUUU !
Dans U VICULU, ne le voit-on pas regretter la substitution du landau blanc au traditionnel berceau di Mammona, et de se lamenter à cause du progrès qui change tout, y compris les mots essentiels :
SUTT’A U MANTU LU PRUGRESSU
OGHJ’UN CONTU PIU NA BRANCA !
S’HA PRESU LU ME PUSSESSU,
HE UNA VITTURA BIANCA,
CH’ATTORR’A LA VECHJA PANCA,
IN FRANCESU LA SI CANTA !
UN SO PIU LI STESSI PAROLI,
MANCU LI STESSI VIRTU !
UN DICINI PIU SPIRANZOLI,
FA dodo, coco, mon petit chou !
Mais U BARBUTU DI CHERA savait aussi avec tendresse introduire la nostalgie d’un temps désormais révolu ; ainsi dans U BUIATTERI ou dans I VECHJI BASCHERI il va rappeler les us et les outils d’antan qu’il va opposer à ceux qui ont tourné la page pour s’adonner à des activités plus lucratives et bien moins pénibles :
PURGARA LU ME PICCATU
UN CERTU BEBE PUNCINU
CHI DI LU ME TRISTU CASU
SI NI RIDI SUTTU NASU !
comme il était conscient de la précarité de la vie humaine et du nécessaire retour à la terre dans A TARRA DI MORTI :
UN N’AGHI TANTA ‘MPURTANZA
INFINI T’HA DIA SUCCEDA !
CHI M’HA VANGAT’ ABBASTANZA
SOG’ E’ CHI T’AGHJ’A POSSEDA
HA CAPITU LU ME TONU ?
E PORTAMI RISPETTU !
PUSSED’A DUMINICONU
A BATTISTONU E A MINICHETTU
E PIDDALA MAL O BE
AGHJ’A PUSSEDA ANC’A TE !
L’évident scambiu évoqué plus haut va aussi l’autoriser à conserver les surnoms des sujets traités. U TESTAMENTU DI ZIA PALLACHIA en est rempli : BIRALDINU, U LONGU, BUZZARRU, DUMINICHINU, comme si leur rappel pouvait contribuer à maintenir cette tradition qu’il sent s’envoler et qu’il veut enfermer dans un testament ou comme dans A CANZONA LU BUIATTERI.
La malice garde toute sa part dans l’œuvre de notre barde : dans U CATANGHJONU – chanson reprise par son petit-fils Jacques CULIOLI – il susurre avec délice que le ZUDDU, le seuil de sa vieille maison,
QUANTU N’HA VIST’ENTRA E SORTA !
HA VISTU ‘NTRI LU PILONU,
UNGHJI ROTA STRETT’E CORTA !
ou dans U CASINO DI A SCALEDDA, il s’esclaffe :
AGHJU ‘NTESU UN’ ALTRA COSA,
MALGRADU CUSACCIA MALA !
UNA SALTENDU’N TROMPOSA
L’HE SCAPPATA A MEZZA SALA.
Il ne manquera pas d’ironiser sur la vaine polémique sur la prééminence du parlé di a corsica supprana ou di a corsica suttana dans un célèbre CHJAMM’E RISPONDI pour juger que :
QUIDDU CH’HE VINUTU NANZI,
GHJE N’INVOCU LA NATURA !
SENZ’ESSA PUETA SCALTRU
DUI STESSI FAN’UN ALTRU !
ou de rappeler dans A LETTERA AL DUCI l’incompréhensible comportement d’un ressortissant italien depuis que l’Italie mussolinienne revendique la possession de l’île, laissant transparaître du Duce, qu’
AVAL ROZZA, CHI PARI UN TORU !
On ne peut passer sous silence cette magnifique balade à travers I QUARTIERA, les hameaux de SOTTA et sa halte recueillie devant le monument aux morts par laquelle il conforte cet atavisme granitique qu’il a affirmé tout au long de sa vie.
Enfin, comment ne pas évoquer ce poème aux attaches particulières avec notre Accademia, A CARAVELLA, qui transportait LI MAL DISTINATI…CHJAMMATI PAR FA L’ATROCA NUVELLA.
La peine est réelle et le regret aussi de subir le départ de proches avec comme seule issue de ne les voir revenir qu’aux vacances,
UNGHJUNU DICI LA SOIA,
POSSU DI ANCU LA MEIA,
UN SI SA DA STA A MOVA
pour finir par un cri de douleur :
ANCU LU ME CORI BRAMMI,
AGHJU PERZU LA SPIRANZA,
DULUROSU CASU STRANU,
CU L’ANGOSCI PIU CUMPLETI,
DRINT’A LU MEDITARRANU,
DROMMINI LI MIO VILETTA,
DROMMIN’A SONNU PRUFONDU,
A TRUVACCI A L’ALTRU MONDU !
Voilà, c’était tout cela U BARBUTU DI CHERA, un magicien des mots, sachant exprimer les sentiments mais aussi, selon le célèbre professeur de linguistique Antoine Louis CULIOLI, » la créativité et la malice, la richesse d’une langue qui sait être elle-même en sachant intégrer ce dont elle a besoin. «
Elargissant le sujet, Félix QUILICI, par des notes rappelées par Michel QUILICI, remarquait avec justesse, que » l’ on comprend mieux ainsi pourquoi l’oeuvre corse de tradition orale, n’était destinée, autrefois, qu’à la communauté qui l’avait vu naître, seule capable de la comprendre complètement et d’en assimiler jusqu’aux moindres intentions. »
Ce soir U BARBUTU DI CHERA s’est invité parmi nous selon son mode habituel : en improvisant.
Gageons qu’il aurait fait de même pour nous quitter :
QUI VI DIGU » A BONA SERA «
SO LU BARBUTU DI CHERA
E SE QUALQUI TEMPI ASPITTETI
TUTT’A ME OPERA LIGHJARETI
Guy PACINI
Accademia Corsa di Nizza